Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 19 septembre 2016

Gérard Bertrand, le bio-man du Languedoc

Gérard Bertrand dans son Clos d'Ora, entretenu comme un jardin


Sa haute stature et son air détendu très sudiste pourraient laisser croire à de la nonchalance. Mais non. Il est clair, net et précis autant qu’il est possible. Il s’y applique, soucieux qu’il est de convaincre et de transmettre une sorte de message. Gérard Bertrand est un passionné et un « partageux ». Son implication de longue date dans une viticulture la plus propre possible ne constitue pas un axe de communication, c’est plus personnel. Pour autant, il n’invoque pas la conservation de la planète de ses enfants ou, a contrario, les obligations faites par le grand commerce global. Non, du bio et de la bio-dynamie, il expose les contraintes et les résultats sans effet ni extase, assez froidement. Les faits, rien que les faits. On évite ainsi les incantations, ce n'est pas plus mal. Il faut dire qu’il n’est pas au bout du processus, mais l’objectif est fixé. Il explique que « 30 % de nos vins sont aujourd’hui bio ou en bio-dynamie, notre objectif est de passer à 50 % d’ici 2020 et 70 % voire 80 % en 2025. »

Lui, il a choisi la bio-dynamie. Sur les 600 hectares de ses domaines et châteaux, 450 sont certifiés ou en cours de conversion. On sent que c’est pour lui une démarche majeure, un engagement sûrement, mais pas une prise de tête. Pour être un vigneron passionné, il est aussi un chef d’entreprise qui fait attention à ce qu’il fait. Et 250 collaborateurs, c’est une responsabilité dont il a une conscience certaine. Alors, pour assurer le développement, Gérard Bertrand, la marque, c’est aussi 2 500 hectares de vignes sous contrats, ce qu’on appelle ailleurs des approvisionnements, dont plus de la moitié est issue de vignes menées en bio. « Cette transition est au cœur de notre histoire, assure-t-il avant de développer. Au niveau des pratiques culturales, le monde est allé trop loin, il faut introduire plus de biodiversité et respecter les éco-systèmes. Au-delà des considérations philosophiques, il y a une volonté qualitative. Avec ces méthodes, nous améliorons la fraîcheur, l’acidité et le potentiel de garde des vins, qui impriment le respect de leur terroir. » Un avis qui n’est pas loin de devenir général et qui légitime tout, à la fin. Alors, il affine : « Nous ne distinguons pas le viticulteur du paysan. Comme le rappelle Steiner, le paysan s’occupe du paysage et, donc, de la diversité. Oui, nous plantons des arbres et nous essayons de renforcer la biodiversité de la faune comme de la flore au sein de nos parcelles. » Il a créé un vignoble-modèle il y a des années. Le déjà fameux Clos d’Ora, deux millésimes sont sortis. Là, c’est un laboratoire et rien n’est épargné pour l’excellence des pratiques et là, pour une fois, Gérard Bertrand, se permet une manière de lyrisme : « Le Clos d’Ora est en biodynamie et en culture au cheval sans supports mécaniques. On essaye de recréer la connexion entre les quatre règnes : humain, minéral, animal et végétal. »

Le Clos d'Ora sous un ciel immense


Avec cette vision, Gérard Bertrand affirme des convictions très éloignées du scepticisme ambiant dans ses derniers sursauts et se sent plutôt en phase : « Aujourd’hui, le bio est devenu un sujet qui compte en France, en Allemagne et en Suisse, bien que la culture de la bio-dynamie commence tout juste à s’étendre. C’est aussi un marché et il se développe considérablement. Un marché dont la pratique lui a apporté quelques idées inhabituelles : « Les pays nordiques sont les plus concernés et, en particulier, la Suède qui a pour objectif de produire 50 % de vins bios d’ici cinq ans. Les Anglais n’y sont pas encore très sensibles et les Nord-Américains, non plus. » On aurait juré que les Américains, au contraire… Au passage et puisqu’on en parle, Gérard Bertrand décerne quelques satisfecits : « La France est exemplaire à ce sujet, c’est l’un des pays les plus en avance et ce grâce à la grande distribution qui met un puissant coup de projecteur sur les produits bios et qui crée donc une demande. C’est également la présence du label AB, qui est le même que pour les produits alimentaires, qui rassure l’amateur de bons vins. » Un discours qu’on n’a pas souvent l’occasion d’entendre.

Les photos : sont signées Fabrice Leseigneur

Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM numéro 4 (le numéro 5 est en vente chez votre marchand de journaux).
 
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