Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 13 juin 2017

« Et ça les vaut ? »

L’ amateur a cette vilaine manie de résumer son rapport au vin en termes de bonne ou de mauvaise affaire. C’est souvent un amateur français, il ne se remet pas de l’enchérissement du prix du vin depuis le début des années 2000. L’amateur américain, par exemple, ne voit pas du tout les choses comme ça et trouve les vins français pas chers. L’autre jour, alors que je m’extasiais sur les réseaux sociaux des qualités de telle cuvée dont le prix dépasse les cent euros, il s’est trouvé un internaute pour poser la question rituelle et idiote : « Ça les vaut ? ». Franchement, vieux, je ne sais pas. Comment établir un rapport juste entre le prix d’un vin et le plaisir ressenti ? Mes papilles, mon palais, ne sont pas équipés de capteurs branchés sur un ordinateur qui valoriserait chaque gorgée. 9,50 euros ou 135 euros ? Ce qui met la goutte à quel prix ? Ou alors sur la base de la comparaison. Cette bouteille à 12 euros était bien meilleure que celle-ci à 43 ? Ce n’est pas sérieux et, en plus, les disparités de revenu changent le rapport à l’argent. Comme si on pouvait hiérarchiser le goût et lui attribuer une échelle de prix. Cela dit, souvenons-nous que, le plus souvent, plus un vin est bon, plus il est cher. Quelques exceptions confirment une règle qui date de 1855.

Depuis le fameux classement, on sait que la qualité d’un vin est liée à son prix et que pour être étiqueté le meilleur, il faut être le plus cher, le plus connu, le plus beau. C’est toute la production de biens de consommation qui est ainsi organisée. En même temps, je suis sûr qu’il se trouve des gens pour trouver une Ferrari « trop chère pour ce que c’est » et, là encore, je ne sais pas répondre. C’est comme un grand vin, c’est magnifique, il n’y en a pas beaucoup et tout le monde en veut. Et, comme d’un grand vin, celui qui ne peut pas s’offrir ce genre d’auto n’en fait pas une maladie.

Bien sûr, on peut regretter que les prix des plus beaux vins atteignent des sommets stratosphériques. Mais, au fond, où est le scandale ?






Un grand cru de la côte de Nuits, récemment repris par un groupe de luxe, a vu son tarif doubler d’un coup d’un seul. Dommage, mais le nouveau propriétaire qui a lâché une somme phénoménale pour acquérir ce domaine et ses quelques petits hectares juste avant un bon coup de grêle est assez légitime à vouloir rentrer dans ses frais. Au moins, un peu. Tel héritier qui a racheté les parts du vignoble détenues par ses frères, sœurs ou cousins et qui, pour ce faire, s’est endetté à vie est aussi en droit d’inclure dans le prix de chaque bouteille une petite part de ses investissements fonciers. Tel autre, à force de travail et de talent fait émerger ses cuvées et leurs prix. Va-t-on lui nier le droit de gagner de l’argent, d’entrer dans une zone de confort qui change sa vie ? Non, bien sûr, puisqu’on accepte ça pour un footballeur ou un informaticien ou un rapper. Et quand il ne s’agit pas d’une volonté du vigneron ou du propriétaire, c’est le marché qui décide. On en connaît des grands crus qui sortent du chai à 60 euros et se retrouvent trois jours après à 250 dans les catalogues des marchands. Ce qui ne facilite certes pas la vie de l’amateur. Mais bon, aucun de ces beaux domaines n’a vocation à collectionner ses bouteilles. Sauf, peut-être… Non, n’allons pas plus loin, la fâcherie guette.

3 commentaires:

  1. On y changera rien : le monde du vin n'est pas le monde habituel des hiérarchies de prix. Personne ne fait un caca nerveux sur le prix d'un sac Vuitton ayant les mêmes capacités de contenu qu'un sac Tati tout aussi solide.
    Personne ne va grogner contre tel footeux dont le salaire mensuel est égal au chiffre d'affaires annuel d'un vigneron plus que méritant.
    Mais pour le vin, c'est une autre histoire tout simplement parce que l'amateur, dans un inconscient méritant une étude approfondie, se sent, se croit "co-propriétaire" du cru.
    S'il fallait rassurer les atrabilaires n'aimant pas les prix qu'ils ne peuvent se payer, disons leur simplement, pour calmer leurs agitations nocturnes, qu'ils les dégustent au moins une fois à l'aveugle. Ça calme comme dirait l'autre. Et le sommeil, tout à coup, de vient bien plus serein.

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  2. Sauf que le sac Vuitton, on sait à quoi il ressemble en l'achetant , le grand nom sur l'étiquette n'est pas toujours gage de la qualité dans le verre. Les dégustations à l'aveugle ça calme parfois les hiérarchie comme dirait l'autre.

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  3. Nous sommes bien d'accord. mais il n'empêche que le ciboulot de l'homo sapiens est assez mal construit pour la chose, dans la mesure où, sur table, il donnera automatiquement des points aux grands noms qu'il ne connait souvent que par ouïe-dire.
    Si le vin ne le touche pas niveau "émotion", le bougre est capable de dire que c'est de sa faute, qu'il n'est pas en état ou en mesure de l'apprécier correctement ! Si, si : ça s'est vu ! J'en suis un exemple vivant !
    Mais bon : je fais partie des zeus dont on a oublié d'électrifier mon dernier étage de neurones et ça cause pas mal de dégâts !

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